Groupe X-Démographie-Economie –Population

 

Exposé du Jeudi 5 Avril 2007

 

La « Fondation Polytechnique ».

 

   Par le camarade Jean-Bernard Lartigue (X 65) ,

délégué général de la Fondation de l’Ecole Polytechnique

 

Le camarade Lartigue commence en se présentant. Il a longtemps travaillé avec Elf Aquitaine puis le groupe Total, ce qui lui a valu de passer deux années au Canada et quatre aux Etats-Unis, il a terminé sa carrière comme Directeur général de la branche Pétrochimie de Total. Depuis sa retraite il s’occupe de la Fondation Polytechnique dont il est aujourd’hui délégué général ; l’avant dernier président fut Jean-Martin Folz, qui vient  d’être remplacé en mars dernier par Thierry Desmarest.

 

La Fondation Polytechnique met en contact les élèves de l’X et les entreprises. Celles-ci assurent environ 80% des débouchés pour les jeunes X. Précisons qu’elle ne  représente donc ni  le secteur recherche ni celui de la fonction publique.

La Fondation Polytechnique fut crée en 1987 à l’initiative de Bernard Isambert, et regroupait une vingtaine d’entreprises françaises. Elle s’est progressivement élargie à l’international (Siemens, Unilever, etc.). Le premier président fut Raymond Lévy, puis Bertrand Collomb et nous n’en sommes donc qu’au quatrième, stabilité à comparer avec notre Ecole où les fonctions de Général commandant l’Ecole ou bien de Directeur des Etudes ne durent en moyenne que trois ans.

Nous nous sommes fixés trois objectifs principaux.

A ) L’ouverture internationale de l’Ecole, aussi bien pour les élèves que parmi les enseignants et les chercheurs.

B ) L’amélioration des relations entre les laboratoires de l’X et les entreprises, en particulier pour la valorisation des résultats des labos (brevets, etc.) et la création de chaires spécifiques d’enseignement financées par les entreprises. Il y a eu cinq chaires de ce type en 2006 et nous espérons arriver à 15 chaires en 2011. Dans le même esprit nous participons à l’aide à la création d’entreprises par les jeunes X.

 

C ) Notre troisième objectif est de participer à toute l’évolution des cursus de formation en fonction des attentes des entreprises,au développement  des « Masters » et d’Ecole doctorale et, ce qui est un point de la plus haute importance, de la formation humaine des polytechniciens. Cette formation humaine s’appuie essentiellement sur le stage de première année, qu’il soit militaire ou dans des services civils, sur un enseignement de sciences sociales et sur le renforcement des aptitudes à travailler en équipe et en réseau.

           

Nos interventions principales ont conduit à de nombreuses réflexions avec la Direction Générale de l’X et à  la mise en place de 7 groupes thématiques de travail en 2007. Leurs conclusions sont proposées en fin d’année académique à la Direction générale de l’Ecole qui reste le décideur final de leur mise en œuvre.

          

Parmi les actions prioritaires, on peut citer la croissance des Chaires d’Enseignement et de Recherches sponsorisées par des entreprises partenaires qui acceptent de payer 300 000 euros par an pendant cinq ans pour pouvoir favoriser un enseignement correspondant à leurs domaines d’activités  stratégiques. Grâce à la qualité des laboratoires de l’Ecole, ces chaires ont un succès croissant, y compris auprès d’entreprises étrangères, comme récemment Samsung.

           

Nous intervenons aussi en soutien financier dans des actions ciblées, en particulier pour les élèves étrangers et pour les jeunes X qui partent faire leur quatrième année à l’étranger. Nous soutenons aussi les enseignants et les chercheurs ayant des projets scientifiques nécessitant des moyens conséquents, pourvu bien sûr que ces projets respectent les critères d’excellence de l’X.

           

Un auditeur fait remarquer qu’il n’est pas si facile que cela de distinguer les projets « sérieux » des autres, le risque est de suivre la mode et de ne pas oser sortir du consensus intellectuel… On renforce ainsi le modèle existant au lieu de le remettre en question. Monsieur Lartigue répond que l’association est bien consciente de ce péril et a déjà soutenu de nombreux projets « exotiques », plus en fonction de la personnalité du demandeur qu’en fonction d’un jugement du projet.

           

Nous aidons aussi les entreprises pour des recrutements sélectifs, notre but principal étant de servir de pont ou de lien entre celles-ci et les élèves. Enfin, nous nous intéressons de près aux choix géographiques (« stratégiques ») pour les bourses des élèves de quatrième année.

 

Bien entendu nous avons bien d’autres activités. Citons la valorisation des compétences scientifiques et les contrats de coopération entre les laboratoires de l’X et les entreprises ; l’aide au financement de « starts-up » issues de ces laboratoires (activité que nous avons en commun avec l’Ecole au travers de la filiale commune X-création) ; le projet dit X3 de préparation à la vie professionnelle avec des questionnaires successifs de personnalité pour les élèves et des stages en entreprise de l’encadrement militaire – stages de deux semaines, généralement très appréciés – ; et, bien sûr, des conférences de dirigeants d’entreprise, des aides à la construction de projets personnels des élèves, etc.

 

            Parlons maintenant des ressources de la Fondation Polytechnique qui, pour l’ensemble des actions énumérées, utilise les services de trois permanents s’occupant de l’administration, de la gestion comptable, etc.  et de onze bénévoles, des camarades pour la plupart jeunes retraités issus de grandes ou de petites entreprises. Ce n’est pas trop pour couvrir l’ensemble des tâches.

           

Nos ressources sont essentiellement les dons des entreprises, des anciens élèves et des parents d’élèves, la gestion (partielle) des chaires d’enseignement. Demain s’y rajouteront les ressources du projet « fund raising » de l’Ecole. Je souligne qu’en 2006 les Universités américaines ont réussi à récolter de cette façon 84 milliards de dollars…..

 

Notre budget total a tourné autour de 2,2 millions d’Euros en 2006. Le partage des ressources a été le suivant :

            Dons des anciens élèves :                                19%

            Solidarité des élèves :                                        9%

            Dons des parents d’élèves :                               4%

            Subventions générales, dons des entreprises :   28%

            Actions ciblées (Chaires, Bourses) :                 30%

            Revenus de placements financiers :                   10%

 

Ces ressources sont affectées aux actions suivantes :

            Aides aux élèves étrangers :     43%

            Bourses :                                 11%

            Chaires d’enseignement :          22%

            FSE-FSF :                              12%

            Fonctionnement :                     12%

Nous sommes très fiers de ces derniers 12% , quand la moyenne est de 17% dans les associations françaises et près de 30% dans les associations américaines. (FSE-FSF : formation de spécialisation à l’étranger, - idem en France)

 

Quelques mots sur l’ouverture internationale de l’Ecole et sur notre participation à cette ouverture.

           

Cette ouverture a été grandement facilitée par la réforme Pierre Faure en 2000. Cette réforme visait à recevoir plus de 100 élèves étrangers par promotion - dont 30 par le concours d’entrée traditionnel – et à envoyer au moins un tiers des élèves de quatrième année à l’étranger.

           

Ces chiffres ont été atteints dès 2006 et je souligne que les élèves étrangers d’aujourd’hui sont très différents de ceux des anciennes promotions. Ce ne sont plus en majorité des « quasi-Français » : Magrébins, Indochinois, Africains francophones. Nous avons maintenant 15 à 20 Chinois chaque année, un dizaine de Brésiliens, beaucoup d’Européens de l’Europe centrale…

            Les aides de la Fondation vont bien sûr aux logements de ces étrangers, mais aussi aux formations linguistiques et aux mises en relations avec les entreprises françaises, en particulier pour pouvoir faire une quatrième année en France.

            Pour les Français, notre ouverture sur l’international consiste à offrir des prêts pour les formations complémentaires à l’étranger et à faciliter les relations avec les entreprises internationales. Nous faisons aussi de grands efforts en faveur de la renommée internationale de l’Ecole dans les institutions internationales et les groupes multinationaux.

 

            Les relations entre les laboratoires de l’X et les entreprises sont aussi l’un de nos domaines privilégiés avec en particulier les « Chaires d’entreprises » (par exemple Lafarge et les « matériaux durables »). Il y a six chaires opérationnelles à fin 2006, elles seront dix dans un an et demi et nous espérons atteindre une quinzaine d’ici 2011. Nous multiplions également les bourses d’Excellence pour les « Masters ».

 

            La réforme X2000 a placé l’Ecole en prise plus directe avec le monde professionnel, (soulevant parfois quelques protestations des enseignants « scientifiques purs et durs »). La Fondation Polytechnique travaille dans cette direction en étroite liaison avec la direction générale de l’Ecole, en nous inpliquant de près dans les actions de formation humaine, de formation à l’économie d’entreprise et aux projets scientifiques collectifs.

 

            Pour terminer je citerai quelques actions diverses comme le forum des entreprises : deux jours en Novembre pendant lesquels s’ouvrent à l’Ecole une centaine de stands professionnels dont quelques stands étrangers. A l’issue du forum est décerné le prix Pierre Faure donné à un ancien élève ayant environ cinq années d’expérience professionnelle dans une entreprise à haute teneur technologique et fortement ouverte sur l’international. Le gagnant du prix 2005 travaillait chez Samsung Electronics en Corée lequel, du coup, a décidé de financer une chaire d’enseignement à l’X !

 

            Je pourrai continuer encore longtemps sur nos projets d’avenir, sur le plan pluriannuel 2007-2011, sur la fédération de dix grandes écoles scientifiques dont la plupart des écoles d’application regroupées dans « Paris Tech », sur la nécessité de renforcer la renommée de l’Ecole au plan international et sur celle de privilégier encore et toujours l’excellence…

 

 

 

 

 

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Questions

 

            Justement, j’aimerai que vous nous parliez un peu de Paris Tech.

            Le « Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur » Paris Tech est constitué pour fédérer des Grandes Ecoles complémentaires par leur enseignement et leurs laboratoires de recherches, et aussi pour donner à cet ensemble une meilleure visibilité internationale. On peut discuter de la pertinence des critères de classement, mais la position de l’X dans le « classement de Shanghaï » résultait en partie de sa taille modeste face à ses concurrents internationaux. Certes ce rassemblement de dix grandes écoles scientifiques et écoles d’application ne s’est pas fait sans mal et sans rivalités, mais les avantages dépasseront de loin les inconvénients. D’autres écoles, comme l’Ecole Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace de Toulouse ou plus proche Supélec viendront peut-être un jour élargir ce pôle..

            En mai prochain, les élèves de la promotion 2003, qui sont en quatrième année, seront les premiers X à recevoir le diplôme de Paris Tech.

 

            Y a-t-il toujours un classement et une sélection pour les grands corps de l’Etat ?

            Oui, mais c’est un classement parmi d’autres, d’ailleurs très différents. Chaque élève est tenu de choisir deux « majeures » en 3ème année (Math, Physique et Chimie, Biologie, Economie, etc…) et les classements se font donc dans chaque majeure.

 

            Les élèves sont-ils bien au courant de toutes ces possibilités ?

            Les élèves commencent par une première année avec des activités sociales, militaires ou paramilitaires (pompiers) de septembre à avril, puis avec une mise à niveau d’avril à juin. Dès le début de la deuxième année la Fondation X leur est présentée, puis ils élisent leur caisse en janvier qui devient l’un de nos partenaires privilégié comme relais auprès de la promotion. Dans l’ensemble, les élèves sont familiers avec les appuis de toute sorte que la Fondation peut leur apporter.…

 

            Y a-t-il beaucoup de jeunes X en Amérique ? Peut-on parler de « fuite des cerveaux ?

            Il y a certes pas mal de jeunes X aux USA, la plupart travaillent dans la finance ou les nouvelles technologies. Beaucoup reviennent vers 35 ou 40 ans quand leurs grands enfants abordent la fin du secondaire ou l’enseignement supérieur, mais reconnaissons qu’il y a un vrai problème de fuite des cerveaux en partie lié au système fiscal français qui pénalise lourdement les plus compétents avec  surtout l’impôt sur les grandes fortunes…

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