X –Démographie-Economie-Population
Conférence du Lundi 22 Octobre 2001
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Démographie et religion. La situation dans les pays musulmans.
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par Monsieur le Recteur Gérard-François Dumont,
Président de l’Alliance Nationale Population et Avenir
La conférence comportera les divisions suivantes :
Il y a actuellement environ 1,2 milliard de musulmans dans le monde soit à peu près autant que de Chinois. Il faut comparer ce nombre aux deux milliards de chrétiens (ou d’origine chrétienne) qui vivent principalement en Europe et dans les Amériques, aux 800 millions d’hindouistes et aux six milliards d’êtres humains. Les musulmans sont donc environ 20% de l’humanité. Ils se répartissent à raison de 830 millions en Asie, 330 millions en Afrique (où leur proportion est la plus forte), 36 millions en Europe, 6 millions dans les Amériques et 0,2 million en Océanie.
A) La géographie de L'islam.
En respectant grosso modo la chronologie historique, l'Islam se répartit en cinq cercles :
1°) Premier cercle : les 22 pays arabes.
Ils représentent 20% des musulmans mais ont quand même des minorités non musulmanes importantes (Egypte, Soudan, Liban, Irak).
Les estimations pour l'année 1997 sont les suivantes:
Egypte : 50 millions de musulmans, à côté de 6 millions de coptes.
Algérie : 30 millions.
Maroc : 26 millions de musulmans (99% de la population).
Soudan : 24 millions, à côté de 8 millions de chrétiens et animistes dans le Sud.
Arabie Saoudite : 18,2 millions ; Yémen 16,5 millions
Irak : 13,9 millions , etc.
La situation de la Palestine est particulière, avec 10% de chrétiens en Cisjordanie, mais 1% seulement à Gaza.
2°) Deuxième cercle (Turquie et Asie non arabe)
Cet ensemble compte 55% des musulmans du monde et se distingue en deux types de pays.
2.1. Pays largement islamisés.
Indonésie : 174 millions de musulmans (soit 87% de ce pays).
Pakistan :129,4 millions de musulmans
Bangla Desh :110 millions.
Turquie : 63,4 millions.
Afghanistan : 23,5 millions.
2.2 Pays de l'Asie non arabe comportant un nombre important de musulmans.
Union Indienne : 107 millions (soit 10,7%)
Chine : 18 millions (1,4%)
Malaisie : 11,5 millions (53%).
D'autres minorités musulmanes vivent en Thaïlande et aux Philippines.
3°) Le troisième cercle est celui des musulmans de l’ex-empire turc d’Europe.
Albanie : 2,5 millions de musulmans
Bosnie : 2 millions
Bulgarie : 1 million
Grèce : 0,1 million.
4°) Le quatrième cercle : l’Afrique non arabe.
Selon l'importance de la poussée islamique, parfois post-coloniale, il faut distinguer deux types de pays.
4.1. Pays africains non arabes largement islamisés.
La proportion des musulmans atteint 99% en Somalie, 98% aux Comores, 97% à Djibouti, 95% en Gambie,92% au Sénégal, 90% au Mali, 87% au Niger et en Guinée, 80% en Erythrée... ,
4.2. Pays africains non arabes comportant une importante proportion de musulmans.
Le Nigéria compte près de 56 millions de musulmans soit presque 43% de sa population, le Tchad 54%, le Burkina Fasso 50%, l'Ethiopie 30%, LA Côte d'Ivoire 40%, la Tanzanie 35%...
5°) Cinquième cercle : l'Islam né des migrations du 20ème siècle.
USA : 3,8 millions de musulmans (venus surtout d’Asie)
France : 3,7 millions de musulmans, dont la moitié ont la nationalité française.
Allemagne : 2millions
Grande-Bretagne : 0,5 million de musulmans seulement.
Russie : 14,7 millions.
B) La diversité de l’Islam.
Les trois-quarts des musulmans sont sunnites, dont presque tous les musulmans arabes hormis les Saoudiens qui sont wahhabites.
Il y a environ 120 millions de musulmans chiites, dont la grande majorité des Iraniens (mais il existe quatre minorités sunnites, aux franges de ce pays, ainsi que des juifs et des zoroastriens).
Mentionnons aussi parmi les nombreuses confessions musulmanes les Soufis, les Ismaéliens (dont la branche reconnaissant comme chef l'Aga Khan compte 15 millions d'adeptes), les baha’istes, les mozabites, les druzes (émanation du mouvement ismaélien)...
En conséquence, on compte parmi les musulmans 300 groupes ethniques et 120 langues...
Pour mesurer cette diversité de l'Islam, il suffit de parcourir l'Algérie pour constater des différences flagrantes entre la Kabylie, où les femmes vont à visage découvert, et le reste du pays où le voile islamique reste la règle la plus fréquente.
C) Les évolutions démographiques.
La croissance démographique des populations musulmanes est importante, mais elle est actuellement en état de décélération rapide pour les mêmes raisons qu’ailleurs : recul général de la mortalité maternelle et de la mortalité infantile, scolarisation grandissante des femmes, retard progressif de l’âge du mariage, connaissance de plus en plus répandue des moyens modernes de contraception...
La Tunisie est un exemple particulièrement flagrant : l’âge moyen de la jeune fille le jour de son mariage y était de 16 ans en 1975, il est aujourd’hui de 27ans...et la Tunisie est passée en 2000 sous le niveau de remplacement, la natalité continue d’y baisser.
D’une manière générale, au sein des pays arabes, la fécondité baisse plus rapidement dans les pays d’émigration (Afrique du Nord, Jordanie, etc.) car les contacts avec les diasporas concourent à accélérer la transition démographique. En revanche les riches pays d’immigration (Arabie Saoudite, Libye, Emirats) sont beaucoup plus conservateurs, notamment dans le maintien des inégalités à l'égard des jeunes filles et des femmes, et la fécondité y demeure plus élevée.
Deux exceptions : la Palestine qui se bat pour sa survie et reste en conséquence le pays le plus fécond au monde, et le Pakistan, pays d’émigration mais dont l’évolution est lente au point que le Bangla Desh naguère nettement plus peuplé (au temps où les deux pays étaient réunis) l’est aujourd’hui nettement moins avec un taux de fécondité déjà descendu à 3,3 enfants par femmes contre encore 5,5 au Pakistan.
Il convient de distinguer les pays d'émigration des pays d'immigration, la nature géographique des flux (flux Sud-Nord, flux Sud-Sud), ainsi que la diversité des causes : politiques, économiques...
Conclusion.
Le poids démographique de l'Islam est important, mais assez géographiquement concentré en Asie et en Afrique, même si la mondialisation des migrations concoure à mondialiser la présence de l'Islam. Comme la Chrétienté, et sans doute davantage en raison de l'absence de clergé, l'Islam connaît de grandes diversités locales et régionales.
La question de la liberté de choix de la religion attise des conflits tout particulièrement dans les confins de l'Islam, comme aux Philippines, en Indonésie et en Afrique. La question de la cohabitation de l'Islam se vit différemment aux Etats-Unis, dont la culture demeure très religieuse, et en Europe où domine la laïcité. Les grandes différences dans les évolutions démographiques des populations musulmanes soulignent la diversité de ces populations.
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Questions
Les questions ont porté sur la pratique religieuse : extrêmement variable selon les mosquées, or un musulman " appartient à sa mosquée " ; sur l’influence de la polygamie sur la natalité : plutôt défavorable (sauf lors du relèvement d’un peuple après de nombreuses pertes militaires) et sur les conversions : importantes en Afrique noire, " homéopathiques " partout ailleurs.
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